D’abord, Zakia Khattabi qui, actuellement ministre de rien (elle n’a malheureusement aucune compétence réelle, ni en titre, ni en fait), après une trop brève carrière de juge constitutionnelle, célébrait publiquement une réunion en « non-mixité », kesako ? C’est une réunion publique mais réservée aux Marocains et personnes d’origine marocaine. Farce ! On ignore si un riant écriteau « Interdit aux Blancs et aux animaux » avec une tête de mort avait été placé sur la porte menant à cette agréable congrégation célébrant la pureté ethnique, pour ne pas dire raciale, de l’entre-soi, mais le VERBOTEN ! est clair.

Bien sûr, les réunions en « non-mixité » ne sont pas neuves, l’histoire européenne en offre maints exemples. Ainsi les socialistes allemands, dans les années trente du siècle dernier, adoraient-ils se réunir en « non-mixité ». Ils organisaient de grandes descentes aux flambeaux en l’honneur de la non-mixité, se concluant par l’incinération des livres publiés par les non-élus de leur non-mixité. Aux États-Unis, des alliés du parti Démocrate (la gauche) étaient réputés pour leur réunion de non-mixité en pleine nature, quand ils enfilaient des sortes de larges toges blanches coiffées d’une cagoule s’évadant en pointe, avant d’enflammer de gigantesques croix dans le jardin des non-élus de leur non-mixité. 

Non-mixité ! Comme des esprits chagrins s’inquiétaient que ce joli concept directement issu de la version la plus taquine de la Critical Race Theory américaine ouvre la porte à une segmentation strictement ethnique et raciale des activités, Zaza Kata fit connaître que c’était de l’humour ! De l’humour ! Et qu’il fallait être victime de « bouchezisme » — c’est une variante du nazisme, en pire — pour ne pas le comprendre !

Poursuivons notre progression vers l’essence grandiose de l’humour de gauche en contemplant cet autre joyau en forme de matrice permanente : Paul Magnette, dit Polo les vilaines jambes. Polo est un ravi de la crèche. Il a étudié les « sciences politiques », cet oxymore désopilant qu’aucun scientifique sérieux ne peut énoncer sans pouffer. De ce passage par les terres arides de la Science pure, Polo a conservé une espèce d’arrogance surette : il Sait. Rien de ce qui est politique ne lui est étranger et c’est Saturne qu’il contemple au très loin tandis que le politique de base, les primitifs grognant du genre Clarinval ou Marghem, doivent se contenter de regarder le doigt de Polo. C’est par la vertu de cette Science infuse que Polo décrétait encore en décembre 2021 : le nucléaire belge, c’est terminé, dossier bouclé, on n’y reviendra jamais, les sept réacteurs ferment, tais-toi, vil Bouchez ! Six mois plus tard, 5 réacteurs sur 7 sont maintenus et ce n’est qu’une question de temps qu’on en soit à 7. 

Tel un prophète auquel le Tout-Puissant se révèle durant la nuit, Polo s’est levé l’autre matin en annonçant la nouvelle Bonne nouvelle : les Flamands sont des psychorigides qui ne savent rien faire que travailler, tandis que les Wallons sont de sympathiques feignasses qui détestent travailler et c’est bien leur droit !

Tandis que les mêmes esprits chagrins, du côté de l’extrême droite de Gengis Boubou Khan, activaient de nouveau leurs glandes lacrymales, s’inquiétant qu’on renforce les stéréotypes du Flamin travailleur et du Wallon qui regarde Netflix toute la journée en mangeant des chips et attendant son chèque d’argent flamand, Polo se fendit d’un communiqué à l’usage des handicapés mentaux comme vous et moi : c’était de l’humour, évidemment ! De l’humouuuuuuuur, voyons, bande de brêles !

C’est cela, la formule magique de l’humour de gauche : dire le pire, s’attirer une formidable publicité, et publier le lendemain un communiqué pour dire que c’était de l’humour. La droite devrait s’y essayer. Par exemple en annonçant un grand festival en « non-mixité choisie » consacré au folklore scandinave du XIIème siècle. Ou exigeant une enquête judiciaire sur les liens de Tinne Van der Straeten avec GAZPROM. Et puis, dès le lendemain, boum un communiqué : c’était de l’humour ! Bientôt, le Parlement ne serait plus que rires, badinage, drôlerie, facétie, farce et mystification.