Le contexte

Madame El Kaouakibi est notamment poursuivie pour fraude aux subventions à concurrence de 269 000 euros. Pour toute clarté, indique 't Pallieterke, il ne s'agit que de l'abus pour lequel le procureur croit pouvoir constituer un dossier pénal. Des millions auraient, selon notre confrère flamand, été « canalisés, gaspillés et écumés » par les entreprises et associations sans but lucratif de l'intéressée, ce qui aurait largement contribué à l'enrichir personnellement ainsi que des proches.

Le président de Jong Groen (l'« écolo j » flamand) a pourtant déclaré : « Soyons honnêtes : dans l'affaire El Kaouakibi, certaines voix semblaient assez racistes. » 't Pallieterke en est estomaqué : « On a dû rater ça alors ! Le fil conducteur de cette histoire est tout le contraire : il s'agit d'un détournement massif et manifeste de subventions, ignoré aussi longtemps que possible par la gauche pour ne pas nuire à la "bonne cause" et par les autres pour ne pas être accusés de racisme. »

Des abus systématiques

Dans un rapport qu'elle a rendu le 25 octobre 2021, l'Inspection flamande des finances parle d'« un abus systématique et symptomatique des flux de subventions ». Sihame El Kaouakibi a reçu des subventions de nombreuses instances publiques - « désespérément à la recherche d'une politique de diversité qui leur profiterait avant tout à elles-mêmes », selon Tom Lanoye, dans le journal flamand De Morgen -, mais aussi du secteur privé.

Le secteur de l'intégration incite aux malversations, commente 't Pallieterke. Le militant d'origine libanaise, fondateur de la Ligue arabe européenne, Abou Jahjah, a témoigné de la façon dont, quand il était encore considéré comme une voix légitime de l'immigration, il était constamment approché par des personnes et des institutions qui voulaient absolument lui octroyer des subventions.

L'escroquerie d'El Kaouakibi n'était ni planifiée ni ingénieuse, observe l'hebdo satirique flamand qui cite encore le journaliste du journal De Morgen Tom Lanoye : « La séduction ne commence jamais par un plan diabolique de la part de l'escroc, mais toujours par la prédisposition de certains à se faire escroquer par lui. » Tout s'est déroulé de manière progressive et de plus en plus triviale, observe 't Pallieterke, et cela a été favorisé par une absence totale de volonté de contrôler une industrie qui fabrique des rêves multiculturels.

Vendre de l’illusion

Ce que Sihame El Kaouakibi a produit dès le début n'était que du vent, à destination de personnes et d'institutions qui n'étaient que trop enclines à acheter ces illusions. Il est plus facile de perpétuer la tromperie quand vous n'êtes pas tenu à fournir de résultats, relève l'hebdo satirique flamand. « El Kaouakibi n'a pas donné aux jeunes immigrés une éducation utile, ni ne les a aidés à trouver du travail, mais leur a appris, notamment par la danse, à faire partie d'une "culture urbaine" distincte, ce qui est en fait le contraire de l'intégration, et plus encore de l'assimilation. En fait, notre industrie de l'intégration contribue ainsi avec son argent à affirmer les immigrants dans leur altérité. »

Si l'orgueil grandissant d'El Kaouakibi ne l'avait pas poussée à entrer en politique et à s'y créer des ennemis, la tromperie serait probablement toujours d'actualité. Combien de Kaouakibis parasitent encore aujourd'hui la prolifération des projets, institutions, associations et subventions en faveur de l'intégration et de la diversité, s'interroge 't Pallieterke. Il est grand temps, conclut-il, de faire table rase et de repenser complètement la signification d'une véritable intégration et la meilleure façon de la réaliser.