
Les grosses cylindrées pour amortir le coût de l’électrique
La Twingo, c’est fini. La Zoé aussi. Les deux modèles seront enterrés sans fleurs ni couronnes. Pourquoi ? Luca de Meo est on ne peut plus clair : « sur ces petites voitures, il n’y a pas trop de business. » Pas besoin d’être un grand devin pour comprendre pourquoi : en forçant la cadence vers l’électrification absolue, l’Europe veut diminuer l’impact climatique de la mobilité. Et si la fée électrique permet effectivement d’arriver à un niveau zéro d’émissions directes à l’échappement, elle reste néanmoins très coûteuse en phase de production, que ce soit à cause du prix des matériaux ou de l’énergie nécessaire à la production ! Tous ces coûts, il faut les amortir. Ce qui est encore faisable, ou plutôt, imaginable sur des produits premium vendus chers et vilains, mais ce qui est nettement plus compliqué sur des petites citadines vendues à des tarifs compressés ! En clair, si les constructeurs européens veulent encore assurer leur avenir, ils doivent faire l’impasse sur les petites voitures. C’est aussi simple que cela…
Une concurrence chinoise féroce
Pour Luca de Meo, la concurrence de la Chine est tout simplement trop rude : « la question se pose sur tout le système, c’est-à-dire les charges sociales, le prix de l’énergie [l’Europe paye son énergie deux fois plus cher que la Chine, ndlr], toutes les règles, toute la complexité du système. L’Europe doit se poser la question de comment retrouver une compétitivité, comment retrouver de la productivité, c’est le débat qu’il faudrait porter ». Hélas, depuis l’affaire du dieselgate, les constructeurs automobiles ne sont plus vraiment en odeur de sainteté auprès des institutions. Résultat, il faut se débrouiller pour survivre. Ce qui signifie passer les petits modèles, les voitures les moins rentables, à la trappe !
Des décisions aveugles et contre-productives
« En Europe on a aussi besoin de revenir à des petites voitures : une petite voiture électrique a moins d’impact qu’une grande berline de 5 mètres, c’est évident. Mais la réglementation ne permet pas de faire du business et, moi, ma priorité c’est le business ». Le message est donc clair : en l’état actuel des choses, la réglementation européenne favorise les tanks électrifiés, qui sont un poids sur la route et pour l’environnement ! Un comble ! Pour Renault, la pilule n’en est pas moins difficile à avaler car il faudra se réinventer sur des segments où le constructeur est moins à l’aise, tout en essayant de maintenir la clientèle actuelle, notamment en proposant des produits compacts et « branchés », comme le « revival » électrique de la R5. Bref, dit vulgairement, le constructeur français a le cul entre deux chaises.
D’autres constructeurs ne s’embarrassent pas de ce genre de considération : chez Mercedes, exit toutes les gammes inférieures. Les Classe A et B n’auront pas de successeur. Chez Ford, la Fiesta, c’est fini, il n’y en aura plus que pour des SUV, infiniment plus faciles à amortir vu les coûts de mise en conformité avec les normes. Et les autres exemples pleuvent !
Entre une Chine vorace qui entend inonder le marché européen de ses voitures électrifiées à prix raboté et l’Europe qui ne cesse de tirer dans les pattes de ses propres constructeurs - et en visant les genoux avec un Bazooka, s’il vous plaît - l’avenir des constructeurs automobiles locaux est de plus en plus mis en péril. Outre l’urgence climatique, l’Europe risque donc fort de se retrouver aussi avec une urgence sociale sur les bras. Elle est pas belle la vie !