Ne fumez plus, ne roulez pas vite (ne roulez plus du tout d’ailleurs), mangez 5 fruits et légumes par jour, ne grignotez pas entre les repas, protégez vos oreilles, ne draguez plus, évitez de respirer des microparticules avant de paniquer devant les nanoparticules… Bien sûr, vous les connaissez ces messages lénifiants de l’état « qui (ne) vous veut (que) du bien ! ». Et comme c’est pour la bonne cause, personne ne s’y oppose vraiment ou du moins ceux qui seraient assez inconscients pour le faire sont immédiatement considérés comme autant de suppôts d’une vie dissolue, dangereuse et hypothétiquement courte, réservée à une minorité déviante. Minorité adepte de comportements “nuisibles” et qui, de surcroît, coûte cher au bon peuple sain, contraint de pallier la mauvaise hygiène de vie "des autres" à travers le coût de son système de santé ou l’augmentation des heures sup’ de ses forces de l’ordre. Cette politique est tautologique et son application totalitaire. 

Hypocrisie politique

A y regarder de près, comment nos élus peuvent-ils plébisciter l’interdiction de fumer tout en assurant la vente libre et la taxation de ces substances cancérigènes ? Simple, les recettes des produits du tabac représentent 3 milliards d’euros (2020), en augmentation constante.  Pourquoi limiter les vitesses alors que l’entretien minimal du réseau routier n’est pas assuré ? Facile, ce sont plus de 500 millions qui rentrent dans les caisses, soit près du double d’il y a 10 ans. Des rentrées faciles qui viennent s’ajouter aux quelques 22 milliards que le conducteur belge, le plus taxé d’Europe, assure à l’état.

Et à quoi bon perfuser la société à coup de messages pseudo-diététiques alors que l’obésité fait rage ? Peut-être parce que les recettes des nouvelles taxes sur les sodas ont… quadruplé depuis 2015 à près de 200 millions… Soit plus que les accises sur le vin (!) Soyez certains que le même raisonnement s’appliquera à l’éventuelle libéralisation des drogues douces.

PS, CDH et MR, tristes esclaves du New Green Deal

Mais revenons au Fuse qui se voit interdire d’exercer son métier à travers la décision administrative qui a été prise à son encontre : un son qui ne peut dépasser 95 dB (en pointe et en moyenne) et une fermeture obligatoire à 2 heures du matin. Pour les noctambules, autant rester chez soi. En cause, 2 mécanismes induits par nos politiciens à courte vue. Le premier ressort de ce que nous venons d’exposer : l’administration veut vous protéger de vous-même. La nouvelle législation mise en œuvre en 2018 sous l’égide de la cdH Céline Frémault (les Engagés) avait pour but de remplacer l’ancienne limite de 1977, rarement respectée (90 dB) par 3 nouveaux niveaux de 85, 95 et 100 dB, correspondant grosso modo à 3 types d’établissement : restaurants, bars et discothèques. Le tout assorti de l’obligation de placer un voire plusieurs appareils de contrôle et d’enregistrement.

Dans les faits, outre les frais induits par la nouvelle législation, les seuils semblaient raisonnables et le contrôle des pics et des moyennes de niveaux enregistrés aurait dû permettre une certaine souplesse opérationnelle. Même si l’AB (Ancienne Belgique) avait, en son temps, placé sur les réseaux une vidéo explicite montrant à quel point il était illusoire de vouloir domestiquer le son, particulièrement lors d’un concert.

Mais, encore une fois, il est de notoriété publique que l’argument majeur de la volaille qui fait l'opinion, comme chante si bien Souchon, savoir la dramatique augmentation de la surdité chez les jeunes, ne provient pas d’un excès de Forest National mais bien de l’utilisation massive des casques individuels. Faire mine d’organiser quelque chose que l’on ne contrôle pas, voilà bien l’alpha et l’oméga de nos professionnels de l’élection.

MR et PS, les 2 faces d'un même ennui nocturne

Il ne faudrait cependant pas croire que seuls les apôtres du Bien veulent transformer Bruxelles en chaste maison de repos. Festif en diable, le bourgmestre Close notamment, assoiffé de contrôle culturel, multiplie les acquisitions de salles de spectacles (Cirque royal, Palais 12...) et les organisations d’événements dans « sa » ville... Des événements en plein air qui, jamais au grand jamais, ne respectent les nouvelles normes mais quel fonctionnaire de Bruxelles Environnement viendrait risquer ses galons pour contrôler les festivités officielles du parti ? Personne ne touche à la vision « closienne » de la ville du XXIe siècle : un creuset de fêtes successives censées ramener le touriste. Les habitants réveillés et les commerçants concurrencés n'ont qu'à s'y habituer.

Le MR, de son côté, a choisi une autre voie, dans la ligne du bourgmestre de Donnea (PRL en son temps) : une ligne plus bourgeoise et plus guindée. Pour d’identiques raisons de nuisances sonores, c’est d’ailleurs lui qui ferma le Who’s Who’s de Carl de Moncharline, grand ordonnateur d’événements nocturnes bruxellois et affidé socialiste... dont l’immeuble nocturne sera d'ailleurs revendu quelque temps plus tard à la nouvelle majorité... socialiste de Bruxelles-Ville. Décidément, à part le contribuable, peu de gens perdent de l’argent dans ce pays.

N'est pire intégriste qu’un converti !

Outre ces petits arrangements entre amis, le second mécanisme lie l’obtention de l’indispensable « droit de pollution sonore », concept cher aux écolos dont tous les partis sucent la roue depuis trop longtemps, réside dans l’obtention d’un nouveau « permis d’environnement », attribué par... Bruxelles Environnement.

Cette administration régionale, créée en 1989, véritable état dans l’état peuplé de petits hommes verts, est à l’affût de toute dissidence. Les 5 plaintes des voisins du Fuse ne pouvaient donc pas leur échapper. Comme elles n’épargnent pas non plus, et depuis des années, les malheureux restaurateurs et cafetiers qui doivent fermer leurs terrasses au gré des migraines ou de la jalousie de leurs voisins : fermetures administratives, couvre-feux, horaires de sanatorium, interdiction de terrasses en intérieur d’îlot, même en pleine journée…

Les rodomontades de Close

Alors, lorsque le pape Close exprime urbi et orbi, notamment dans la dernière édition du Vif, qu’il est « complètement abasourdi par la décision de Bruxelles Environnement », il est d’une indicible mauvaise foi puisqu’il n’hésite pas à se cacher derrière le même organisme quand il s’agit de fermer un établissement pour satisfaire électoralement l’un ou l’autre habitant mécontent. De la réactivité à la petite semaine, comme lui et ses prédécesseurs l’ont tant de fois confirmée dans des quartiers comme les Halles St-Géry. Est-il aussi besoin de dire que, avec des majorités sensiblement identiques à la ville et à la région, si le fusible du Fuse (hum...) n’avait pas sauté à l’international et rassemblé plusieurs dizaines de milliers de signatures de soutien en quelques heures, Close n’aurait guère moufté. Mais, que voulez-vous, tel le cochon truffier, le politique de carrière possède le nez creux des bonnes causes à défendre.

Si t'aimes pas les avions, évite de t'installer à Zaventem !

Autre point commun dans ce genre de dossier, historique celui-là, la mauvaise foi des plaignants. Car, à moins d’être mentalement déficients, tous ces voisins aux oreilles sensibles savent ce qu’ils achètent et où ils s’installent. Soit la nuisance préexiste parce que l’établissement est déjà installé, soit elle est nouvelle parce que le quartier revit... précisément à cause de nouvelles initiatives Horeca. Apparemment, la gentrification est plus sensible du tympan musical que de la plus-value immobilière... Des ingrats, on vous dit.

Brel se retourne dans sa tombe

A sa décharge, l’hypocrisie du Gentil Organisateur Close, qui tente toujours de séparer la chèvre retraitée du chou festif, est une tendance générale de nos sociétés occidentales : Paris, Londres, Amsterdam... La répression des addictions, les contrôles de police, la guerre au bruit que l’on retrouve jusque dans nos campagnes, lorsque les mêmes bobos déconnectés s’étonnent de la vigueur d'un coq trop matinal, sont une constante de nos civilisations vitrifiées. Inutile de pleurer le Bruxelles qui Brusselait, contentons-nous de regretter que le grand Jacques n’ait pas eu l’occasion de dire son fait à un Pascal Smet plus étroit d’esprit que la selle de son vélo.

Selon le politicien occidental, nounou de nos nuits, tout le monde veut dormir désormais et plus personne n’a besoin de s’égarer, si ce n’est au cours de fêtes officielles, savamment codifiées. Une tendance lourde alors que la pyramide des âges s’enfonce dans la sénilité et que les marchands de bonheur (Vooruit ! Ecolo-Groen, PS, Défi...) nous vendent de la « ville apaisée » matin, midi et soir. Un programme qui suinte la sclérose et l’ennui.

Carly les bonnes idées

Il existe cependant des solutions et c’est l’ami Carl (de Moncharline) qui, comme il le fait souvent avec succès, propose de recycler des idées qui fonctionnent ailleurs. Comme la nomination d’un « bourgmestre de nuit », véritable porte-parole du secteur et interface entre les exploitants et la population ou la promulgation d’une loi « d’antériorité » qui s’opposerait aux actions néfastes de nouveaux habitants venant s’installer dans le voisinage immédiat d’une institution nocturne présente bien avant leur arrivée.

Des initiatives originales qui pourraient, pour le coup, réellement "apaiser" le secteur, offrir un peu de stabilité à des entrepreneurs qui investissent chaque année des millions en faisant travailler une quantité de personnels non qualifiés et donner à cette ville les couleurs qu’elle mérite. Sans surprise, personne n'a entendu Close pérorer sur le sujet.