Selon une enquête d’opinions réalisée via un questionnaire en ligne (système CAWI), 67,7% des Belges seraient favorables à une 7ième réforme de l’État (75,1% néerlandophones et 60,0% des francophones. 2151 belges, dont 1051 francophones et 1100 néerlandophones, présélectionnés dans une base de données représentative, ont été questionnés. La marge maximale d’erreur sur 2151 questionnaires est de 2,11%. Décryptage.

Une lasagne institutionnelle opaque

La complexité du pouvoir en Belgique (la lasagne institutionnelle) opacifie les responsabilités  pour 86,9% des belges. Cela laisse penser au public que des partis seraient dominants dans des coalitions et d’autres soumis ou laissant faire, même en contradiction avec leur ligne politique. Les décisions prises « en urgence », dans des situations de crises, alors que les problèmes sont posés depuis longtemps sont considérées comme une instrumentalisation pour faire passer des pilules souvent amères (90,5%). Sur l’entêtement de certains politiques, le pouvoir serait aussi « addictif » qu’une drogue. C’est ce que pensent 92% des répondants quand ils dénoncent les politiques qui s’accrochent envers et contre tout à un ou des mandat(s) – dont le nombre devrait être limité pour 86,3% des citoyens.

De la corruption à tous les étages

Le sentiment général est d’attribuer aux élus politiques des intentions de se servir de leur position pour en tirer des avantages illicites. La nature de la corruption détermine sa gravité dans l’esprit du public. Toutes ne sont pas équivalentes. Accepter des pots de vin serait grave, car estimé très répréhensible (93,4%)  C’est une corruption à enrichissement personnel. Peut-être aussi celle à laquelle le grand public pense en première approximation. Créer des lois qui privilégient le bien-être, le statut ou le pouvoir personnel des élus serait aussi une forme grave de corruption pour près de 9 belges sur 10 (88,1%). La question des ASBL est évoquée dans cette perspective des corruptions. Notamment les ASBL « bidon » dont l’objectif – sous l’apparence d’une indépendance et d’une neutralité pour s’occuper d’une question de société – est essentiellement de servir le pouvoir en place, pouvoir qui finance cette servitude. Pour le grand public, c’est très grave et 86,6% des belges estiment cela très répréhensible. 

Des politiques au-dessus des lois

Les répondants estiment aussi que le politique influence la justice pour qu’elle classe une affaire sans suite (92,2%). Les opinions sont claires : le sentiment est manifeste que les gouvernements seraient souvent au-dessus des lois que les parlements promulguent. Les lois seraient rarement ou jamais respectées par les dirigeants politiques (43,2%+ 5,3% = 48,5%) pour 1 belge sur 2. Cette opinion est identique qu’on soit francophone (46,8%) ou néerlandophone (49,8%). Ces insatisfactions sont liées aux sentiments d’injustices face aux distances entre ce que l’on impose et ce que l’État se permet.

Une justice de classe

Une très grande majorité de belges éprouve un sentiment d’injustice face à des lois qui ont des effets différents selon les Régions, alors que l’article 10 de la Constitution belge stipule : Les Belges sont égaux devant la loi. Dans l’esprit du public un belge d’un Région n’est pas égal à un belge d’une autre Région. Pour 8 belges sur 10 (80,7%) , ce serait contraire à la Constitution. Une grande majorité (61,7%) estime aussi que même dans un État fédéral ce n’est pas normal