Les institutions sont de façade. Pas d’Armée ou presque, pas d’administration ou presque, pas d’infrastructures ou presque, etc. En conséquence, lorsque le Chef de l’État donne un ordre, qui l’exécute ? Quand et comment ? Quant aux insubordinations et autres compromissions, qui les sanctionne ? Pas de juridictions, ni administratives ni judiciaires, ou presque, pas de parquets ou presque. À leur égard, la lecture du code pénal est édifiante, en particulier son art.84 qui vise le comportement de quiconque, y compris tout magistrat, qui « à l'aide de violences ou de menaces » obtient « des fonds, valeurs, objets mobiliers, obligations, billets », etc. Parfaite description du comportement du magistrat congolais lambda : aucun devoir accompli sans main tendue au matabiche (pot-de-vin), servilité plutôt qu’indépendance, souvent un train de vie qui ne correspond pas aux rémunérations officielles ; une Justice de pacotille. La plupart devrait être logée à Makala ou en tout autre prison du pays en vertu de l’art.84 du Code pénal. Bref, quand pratiquement personne n’est sanctionné, qui obéit au Chef de l’État ?

Par où commencer ?

Dans ce contexte de désordre, par quoi commencer en cet intérim hypothétique ? Remplir les prisons de magistrats ? Cela viderait les tribunaux. Révoquer les fonctionnaires coupables d’insubordination ? Leurs remplaçants ne seraient pas moins indolents. Dégommer des cabinets ceux qui y abusent de la confiance du Président de la République, cela rendrait visible sa solitude. Pas de conscience nationale ou presque, pas de civisme ou presque. Un gigantesque jeu de mikado : déplacer une baguette peut provoquer l’effondrement. Le pays est instable. Et pour cause. Lorsque le magistrat lambda est habituellement un délinquant, c’est le révélateur d’un système inique à de multiples niveaux. Donc, assainir le pays, sans doute, mais avec le concours de qui ? Sous l’autorité de qui ?

L’on se souvient du mot du Maréchal Mobutu : « ils sont tous chefs, mais c’est moi qui commande ». C’était avant que la société internationale ne s’indigne de tout et n’importe quoi. Qu’est-ce qu’une chaîne de commandement sans discipline ? Et comment établir de discipline sans sanction ? Enfin, comment sanctionner qui que ce soit quand la fermeté nécessaire affole les bonnes consciences mondialistes droguées à la moraline. Law and order, cela relève encore de l’imaginaire alors que c’est indispensable. Des décennies durant, le Congo s’est laissé aller en une logique d’assistance : il en paye le prix aujourd’hui. 

Sans Armée puissante congolaise sous une forte autorité présidentielle, le Rwanda étendra graduellement son territoire. Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo se rend compte des carences de ses alliés africains : il a averti qu’à défaut d’efficacité de la force de la Communauté des États d’Afrique de l’Est, l’État congolais se passera de sa présence.