Le climat est délétère pour les investisseurs pétroliers et gaziers dans l’UE. Soit les élections du 9 juin changent radicalement la perception que le monde politique a de ces créateurs de richesse et de prospérité, soit je leur conseille d’aller s’installer dans la ville pétrolière du Texas.

En misant tout sur la décarbonation, l’UE est devenue le territoire de la détestation des entreprises qui ont permis la paix et la prospérité pendant près d’un siècle. Alors que les énergies fossiles représentent encore les trois quarts de l’énergie consommée dans l’UE, les ONG écologistes, puis les «écologistes de tous les partis» et maintenant le monde de la finance ont réussi à ostraciser les grands groupes pétroliers comme TotalEnergies, BP et Shell. 

Allo Houston !

Au cours des 40 dernières années, la transition énergétique n’a connu qu’une seule avancée : la découverte de la méthode d’exploitation du pétrole et du gaz de schiste. Grâce à elle, l’industrie énergétique américaine a connu une croissance inattendue. En 2004, les États-Unis étaient le premier importateur mondial d’énergie, aujourd’hui ils sont le premier exportateur mondial. En conséquence, les compagnies pétrolières américaines, principalement basées à Houston, au Texas, ont nettement surpassé celles de l’UE. Depuis le début de l’année 2019, ExxonMobil a vu son cours augmenter de près de 80 %, tandis que Chevron a gagné près de 50 %. Les entreprises européennes s’en sortent moins bien : Shell a progressé de 22 % et BP de seulement 2 %. Grâce à cette manne, ExxonMobil a acheté pour 59,5 milliards de dollars Pionner Natural Resources, une entreprise dont la plupart des Européens n’avaient jamais entendu parler. Chevons a acheté Hess, une autre entreprise inconnue dans l’UE, pour 53 milliards de dollars.

On ne les aimait pas, à présent on veut les détruire 

TotalEnergies développait un mégaprojet gazier en Papouasie-Nouvelle-Guinée, appelé Papua LNG, mais en février dernier, le Crédit Agricole a décidé de se retirer du projet. Les défenseurs du climat ont applaudi à tout rompre. La décision finale d’investissement a été reportée à 2025, tandis que TotalEnergies cherche une ou plusieurs banques en dehors de l’UE. Cette banque agricole a peur du changement climatique, alors que les agriculteurs sont opposés au pacte vert...

Les compagnies pétrolières européennes subissent également la pression des gouvernements et des tribunaux, ce qui entraîne une augmentation des risques réglementaires et des litiges en matière de politique climatique. En 2021, un tribunal néerlandais a rendu une décision historique ordonnant à Shell de réduire ses émissions de CO2 de 45 % par rapport aux niveaux de 2019 d’ici à 2030. L’appel est en cours, les plaidoiries ayant pris place en mars.

Cet article est réservé aux abonnés

Lisez votre journal numérique et accédez à tous nos articles réservés aux abonnés.

A PARTIR DE 6€/MOIS

Sans engagement.

Abonnez-vous

Déjà abonné ? Connectez-vous

Même la Turquie se lance dans le pétrole

Dans le cadre d’un nouvel accord de coopération dans le domaine du pétrole et du gaz naturel, le ministre turc de l’Énergie, Alparslan Bayraktar, vient d’annoncer que son pays souhaite effectuer des forages pétroliers en eaux profondes dans la zone économique exclusive de la Somalie en 2025. Sachant que l’Afrique a besoin de pétrole, il souhaite mettre les ressources de la Somalie à la disposition du peuple somalien et ajoute qu’il compte renforcer la présence de la Turquie dans la Corne de l’Afrique grâce à de nouvelles collaborations dans le secteur de l’énergie. Allo Bruxelles-Strasbourg ?

Il n’est pas surprenant que la Turquie mise sur le pétrole et le gaz, car comme l’Inde (voir PAN de la semaine dernière), elle sait que pour être un leader, elle devra utiliser beaucoup d’énergie, et donc des combustibles fossiles. Le ministre Bayraktar connaît bien le sujet. Il est titulaire d’une licence en génie mécanique de l’université technique d’Istanbul, d’une maîtrise en droit et en économie de l’université Bilkent et d’une maîtrise en relations internationales de la Fletcher School of Law & Diplomacy de l’université Tufts. Il a obtenu son doctorat en énergie, économie et politique de l’environnement à l’Université technique du Moyen-Orient. Il sait que le monde continuera à fonctionner avec des combustibles fossiles, alors que nos ministres, qui ne sont pas des scientifiques, préfèrent suivre les idées des ONG.

Bye bye EU

Si les élections européennes du 9 juin - et surtout après si les résultats le permettent - ne produisent pas un réveil vigoureux, la destruction de notre économie, avec son cortège de faillites, de perte de compétitivité et de délocalisations, n’aura pas de fin. Si les conseils d’administration et les politiques continuent à ostraciser les entreprises qui ont fait la prospérité de l’Union, il ne faudra pas s’étonner que les délocalisations ne se limitent plus aux sites de production. Dans un monde globalisé, les actionnaires n’accepteront pas toujours de continuer à sous-performer par rapport aux entreprises américaines, de sorte que la pression pour délocaliser les centres de décision aux États-Unis pourrait bientôt s’intensifier.

Il ne faudra pas se plaindre lorsque les compagnies pétrolières européennes déplaceront leur siège social aux États-Unis et transféreront leurs principales cotations boursières sur une bourse américaine. Lorsque toutes les entreprises dégoûtées seront parties, il ne restera que les entreprises dégoûtantes, celles qui ne méritent même pas le nom d’entreprise, celles qui survivent grâce aux subventions et qui seront plus tard étatisées. Les compagnies pétrolières seront en paix à Houston, à moins que ce ne soit à Ankara.