L’un des maux de notre temps est la confusion entre science et politique. Une idéologie prétend parler au nom de la science, et faire taire par conséquent ses contradicteurs. 

Car, vous n’allez tout de même pas contredire la Science ?! On voit le phénomène à l’œuvre dans le domaine du climat.

Il est également à l’œuvre dans le domaine de ce qu’on appelle le ‘genre’. Depuis la parution de Gender Trouble par Judith Butler, en 1990, nos sociétés ont intégré l’idée qu’il existe non pas deux genres (masculin et féminin), mais une infinité, et que même pour ce qui regarde le sexe ce qui compte est la décision de la personne, et non sa réalité biologique.

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Ainsi a-t-on vu se mettre en place, surtout aux États-Unis, une véritable industrie du genre, qui permet à tous ceux qui le souhaitent de subir des traitements chirurgicaux et hormonaux pour changer de sexe. On parle de réassignation du genre — même s’il s’agit en l’occurrence davantage d’une réassignation du sexe pour le mettre en rapport avec le genre ‘ressenti’.

Tant que ces opérations, lourdes, invasives et coûteuses, concernent des adultes, il n’y a pas grand-chose à en dire. Nous vivons de fait dans des sociétés très individualistes et si Roger, 50 ans, décide de subir une vaginoplastie pour devenir Mariette, on considère très généralement que cela le concerne et qu’on n’a pas à intervenir. (Un point de vue que je partage, même si j’aimerais bien que Roger paie les frais de sa poche.)

Le problème étant, bien sûr, les enfants. J’ai publié deux essais sur l’idéologie du genre, à l’époque où cette idéologie féroce et extrémiste n’intéressait personne. Car cette idéologie venait d’être consacrée par la Convention d’Instanbul (2011) dans son format le plus extrémiste et je voyais bien qu’elle aurait de lourdes conséquences.

Quid donc lorsqu’un enfant de 6, 10 ou 14 ans explique à ses parents qu’il veut changer de sexe ? Eh bien jusqu’il y a peu on expliquait qu’il était moralement impératif de diriger aussitôt le bambin vers une clinique de réaffectation du genre pour débuter les traitements chirurgicaux et hormonaux qui s’imposent. Il était expliqué que les données scientifiques prouvaient que, dans l’écrasante majorité des cas, c’était la meilleure solution, et que s’y imposer c’était condamner l’enfant concerné au suicide ! Vous imaginez la pression pour les parents !

Bien sûr, en droit occidental depuis l’époque romaine on considère qu’un enfant et un adolescent ne disposent pas du discernement qui leur permet de formuler leur consentement en connaissance de cause. Mais quand il s’agissait du genre, ces évidences millénaires étaient balayées : il fallait donner suite à la petite voix ‘Je veux changer de sexe !’ même après le visionnage d’une seule vidéo Youtube et comme s’il s’agissait d’un prescrit divin. Sinon : le suicide !

En réalité, tout ceci était faux — et, osons-le, criminel. Des centaines de fichiers issus la semaine dernière de forums internes à la World Professional Association for Transgender Health (WPATH), qui se présente comme la référence scientifique mondiale en matière de réassignation de genre, montrent que ce qui était présenté comme de la science n’était que de l’idéologie. Que montrent ces documents, conjugués aux données scientifiques réelles dont on dispose maintenant sur le sujet ?

1 Les enfants mineurs ne disposent en rien du consentement requis pour donner leur aval à des traitements invasifs et lourds qui les rendront infertiles et incapables d’éprouver un orgasme : ils ne comprennent pas et ne peuvent pas comprendre les conséquences ;

2 Les enfants auxquels on refuse la réassignation de genre dans l’écrasante majorité des cas n’en éprouvent aucun regret une fois devenu majeurs ;

3 Les enfants auxquels on refuse la réassignation de genre ne se suicident pas davantage que les autres ;

4 Certaines données tendent à laisser penser (à confirmer) que les enfants dont on a réassigné le genre se suicident en plus grand nombre que la moyenne et que ceux auxquels on a refusé la réassignation ;

5 Les hormones massivement et longuement prescrites dans le cadre de la réassignation de genre favorisent différents types de cancer ;

6 Les effets de long terme des bloqueurs de puberté massivement administrés aux enfants concernés sont mal connus ;

7 Un grand nombre d’enfants exigeant une réassignation du sexe souffrent de troubles mentaux non liés à leur biologie, qui se résolvent par les traitements psys adéquats, et par la puberté.

Le bilan réel de l’industrialisation de la réassignation de genre pratiquée sur des enfants est probablement l’un des plus grands scandales pseudo-médicaux de notre temps. 

Comme le souligne le très à gauche Guardian, qui a pourtant relayé l’idéologie du genre durant de longues années, ‘Malgré son titre pompeux, la WPATH n’est pas un organisme professionnel - une grande partie de ses membres sont des activistes - et elle ne représente pas non plus le point de vue «mondial» sur la manière de s’occuper de ce groupe de personnes. Il n’existe pas d’accord mondial sur les meilleures pratiques. Les fuites de messages (et quelques enregistrements), surnommées les «dossiers WPATH», sont inquiétantes.’

Lunchant avec le Financial Times (9-10 mars) et retournant prestement sa veste après la parution des WPATH files, la papesse du genre Judith Butler explique à présent : ‘We should all be taking a lot more time with these issues. Nobody should be rushed into treatment.’ On ne saurait mieux dire!