On se demande bien quelle mouche a encore piqué le petit président français. Familier de déclarations peu réfléchies, il vient cette fois de déclarer « ne pas exclure » l’envoi de soldats français sur le front ukrainien, contre la Russie.

Croit-il vraiment que cela fait peur à quelqu’un ? Il faudrait d’abord que quelqu’un d’autre que lui pense encore que la France est une grande puissance. Tout montre au contraire qu’elle n’est plus une puissance du tout. C’est vrai depuis longtemps, à part peut-être dans les rêves du Général de Gaulle.

Mais en tout cas aujourd’hui, après la débâcle de la fameuse « Françafrique »,
qui a amené la France à retirer ses troupes dans nombre de pays d’Afrique occidentale, et à perdre toute influence dans la plupart des autres, et ce en général au profit de … la Russie, il est clair que, même dans des pays habituellement contrôlés par l’envoi de quelques compagnies de la Légion Etrangère, une armée française ne fait plus peur.

On suppose quand même que le but de Macron n’était pas d’intimider une grande puissance nucléaire comme la Russie, en se présentant comme possesseur de l’arme atomique. Ce serait d’ailleurs particulièrement irresponsable.

Alors, que voulait-il ? Il devait quand même se rendre compte que personne ne s’alignerait sur lui, et il a dû encaisser successivement les refus, d’abord de la quasi-totalité des pays ayant une frontière avec la Russie, y compris la Suède, puis des grands Etats européens (Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne), des Etats-Unis et de l’OTAN.

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Du bluff

S’il s’agissait de bluffer en faisant croire à Poutine que la France aurait beaucoup d’alliés, Macron s’est lourdement trompé et son isolement était évident dès le début. Sauf erreur, certes, on n’a pas entendu Alexander De Croo ni Ludivine Dedonder nier la participation belge à une telle aventure, mais c’est sans doute parce que, comme d’habitude, ce gouvernement Vivaldi est incapable de se mettre d’accord, ni pour un oui, ni pour un non. 

Voilà donc Macron avec une image qui lui convient bien : celle du velléitaire, qui va-t-en guerre sans moyen d’assumer les menaces qu’il annonce à haute voix.

Quelle image aussi que de voir un pays comme la France renier un des rares idéaux qui donnent encore une certaine unité à l’Europe : la recherche et le maintien de la paix.

Personne, en Europe, n’a envie de mourir pour Kiev, même si Poutine est quasi universellement détesté, à juste titre. L’Union Européenne a d’énorme défauts, qui ne cessent de s’amplifier, mais, jusqu’ici, elle évite soigneusement de faire partie des fauteurs de guerre.

Elle commence en revanche à se rendre compte – et là – c’est légitime, qu’il faut réagir parce que la protection des Etats-Unis ne va plus de soi. Beaucoup ont eu peur des paroles de Donald Trump, qui, de plus en plus isolationniste, a déclaré que, s’il était réélu, les pays de l’OTAN qui ne respectent pas leurs engagements en matière de dépenses militaires risqueraient de ne plus bénéficier de la protection de l’Alliance. On admettra que ce n’est pas dépourvu de logique, si la mesure ne frappe que ceux qui ne respectent pas leurs engagements. C’est en revanche irréaliste sur le plan concret puisqu’on voit mal comment l’Alliance Atlantique s’engagerait pour appuyer un pays respectueux des règles, en abandonnant son voisin défaillant.

Il est donc temps, pour l’Europe, en suivant le bon vieux précepte suivant lequel « si tu veux la paix, prépare la guerre ».

Il y a une différence entre cette règle empreinte de sagesse, et le comportement de Macron, qui se déclare prêt à faire la guerre, tout en ne l’ayant jamais préparée.