Un « infantilisme gavé de sa toute-puissance postiche »*

On connaissait les aphorismes de Pascal Smet pour qui chaque route doit devenir une aire de jeux et chaque place un hommage au béton de feu la RDA (République Démocratique allemande de triste mémoire). Cette maladie ronge aussi les progressistes francophones.

Plus un jour de campagne en effet sans que Philippe Close, toujours bourgmestre de Bruxelles-ville, ne sorte sa tenue oriflamme, veston-jeans-baskets, pour faire la fête auprès de ses potentiels nouveaux électeurs. Petit poucet de la politique, il laisse ainsi traîner des traces de joie au fil de l’eau des réseaux sociaux.

Bruxellois de Namur

Le Namurois en profite pour se retailler un passeport bruxellois par quelques judicieuses évocations : dimanche 28 avril, par exemple, sur X, « fête toute la journée, place du Jardin aux Fleurs, mon quartier pendant près de 20 ans ». X, une plate-forme qu’il utilise moins que Facebook puisqu’on peut plus facilement le voir hurler sa joie au « Bal des Seniors » dans « son » Palais 12, le vendredi 26. Une inspiration macroniste sans doute.

Entre deux inaugurations et une activité avec la police, il parvient aussi à placer que « nous continuons à restaurer les illustres bâtiments de la capitale »
en saluant les travaux entamés à l’hôtel Métropole, une des nombreuses faillites du piétonnier, avec la Manufacture ou le Belga Queen, trois lieux architecturalement plein de cachet qui n’auront pas survécu au dogme anti-bagnole. Et pour combien d’emplois perdus !

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Close en personnage de Muray

Il faut d’ailleurs voir Close pour ressentir l’envie immédiate de relire Philippe Muray : « Lorsque les bagnoles exécrables sont remplacées par des armées d’individus grimpés sur rollers, par des intermittents sur des échasses, par des cracheurs de feu et autres adeptes des « circulations douces », il est loisible de constater que l’on n’assiste pas au retour de l’ancienne humanité sur des territoires reconquis, mais au déferlement sans frein de l’espèce post-humaine sur des territoires sans cesse plus invivables ; et pour qu’elle ne sache pas qu’elle est ‘espèce post-humaine, on lui fait croire qu’elle revient sur des territoires dont elle aurait été dépossédée, et qu’elle les reconquiert ou se les réapproprie ; mais elle ne saurait reconquérir ou se réapproprier quoi que ce soit puisqu’elle ne possédait rien. »* Une vision écolo-progressiste qui peut indifféremment s’appliquer à la Palestine, l’Ukraine ou aux rave-parties dans les tunnels.

Postures attrape-voix

Sinon, Close, c’est Martine : Philippe mange des frites, Philippe accueille le Roi, Philippe parle au frère du Roi, Philippe sourit, Philippe danse, Philippe comprend et surtout, grande nouveauté, Philippe veut aider la Justice.

Et oui, pourquoi ne pas traiter une série de délits directement par le biais d’amendes instituées par la ville, désengorgeant d’autant notre justice moribonde ? Sanction sans jugement, voilà une approche qui n’a jamais gêné beaucoup la gauche au cours de l’histoire, avec l’avantage extraordinaire de ramener (encore) de l’argent dans les caisses vides du Prince Jean, pardon, Close.

Pour les élections, rappelez-vous ce bel adage suisse: apprendre coûte et savoir vaut. Il paraît évident que les Bruxellois ont déjà fort cher payé leurs saisons d’apprentissage.

* Philippe Muray, « Festivus Festivus »