D’une guerre provoquée à une guerre subie.

La situation à l’est du Congo n’est pas celle de l’Ukraine. Néanmoins, l’on y trouve des analogies. Et même ce qui les distingue est riche d’enseignement. 

L’Ukraine avait été tentée par les sirènes du grand marché salvateur vanté par l’Union européenne: la liberté, si, si, pourvu que l’on se moule dans le politiquement correct, et les fameuses valeurs de la démocratie, celles qui prohibent toute discussion sous prétexte d’État de droit. S’ensuivit, pour l’essentiel, un bouleversement politique européiste américano-centré marqué surtout par l’épisode de Maïdan parfaitement spontané, nous dit-on; Bruxelles et Washington n’y ayant joué aucun rôle, ni ultérieurement, nous dit-on aussi, lorsque Kiev (pardon, Kyiv) multipliait systématiquement les prises de distance envers Moscou. Dans ce contexte, l’Armée ukrainienne avait été restructurée conformément aux standards OTAN; pure coïncidence, nous dira-t-on encore. Qu’aurions-nous pensé si autrefois l’Italie avait restructuré son Armée à la soviétique; Moscou déclarant son ouverture à l’intégration de Rome au sein du Pacte de Varsovie ? L’on pourrait se remémorer de même les accords de Minsk allègrement violés, des années durant, par Kiev (pardon, Kyiv) avec la bénédiction de l’Allemagne, de la France et des anglo-saxons. À force de jouer avec le feu, ils ont obtenu la guerre et fustigent Poutine. Oh, le méchant !

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La situation actuelle à l’est du Congo, au contraire, ne résulte pas de provocations à l’égard du Rwanda. C’est une guerre subie. Historiquement, les indépendances des deux pays résultent des jeux diplomatiques américains menés à l’encontre des puissances coloniales européennes, pas d’une rivalité entre eux. Qui pourrait exposer la moindre stratégie militaire congolaise visant le Rwanda ? En terre congolaise, très peu de militaires meurent par comparaison aux Ukrainiens qui combattent, eux. Mais la résultante est également la guerre.

Les Ukrainiens ont été décimés. Les petits hommes gris de Bruxelles et Washington avaient rêvé de jouer à Napoléon. De ce prestigieux chef de guerre, ces ternes technocrates n’ont retenu que la Bérézina. Maintenant, le plus parisien d’entre eux prend la pose de boxeur en studio, lumières maîtrisées, épiderme luisant, biceps retouchés par informatique. Si Napoléon voyait ça… Et Kiev (pardon, Kyiv) reçoit une aide matérielle, mais de moins en moins, ainsi qu’un soutien diplomatique devenu précaire. Biden l’enjoint de ne pas trop se battre afin d’éviter que le cours du pétrole flambe. Trump sera bientôt de retour à la Maison-Blanche; game over. Les technocrates européens imaginent une alternative; oui, ils imaginent.

Au Congo, ceux qui se battent sont le plus souvent de vulgaires gangsters, des groupes armés qui pillent avant tout et s’en prennent aux civils; c’est si facile. Parmi eux, à l’instigation de Paul Kagame, le M23 prend graduellement possession du territoire congolais. Kigali vient de tenter, auprès de l’ONU et de l’Union africaine, de bloquer le déploiement au Congo de la force militaire de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe). En réaction, les Chefs des États membres de la SADC se sont réunis à Lusaka où ils ont affirmé à l’unanimité «son engagement inébranlable à fournir un soutien diplomatique et militaire au gouvernement et au peuple de la RDC». Engagement militaire inébranlable !

Fait essentiel, le Congo et l’Ukraine ont en commun de perdre leurs territoires. Les manœuvres des chancelleries n’y pallient pas; un désaveu cinglant envers ceux qui ânonnent que les solutions doivent être politiques et pas militaires. Non, techno Bisounours, ce n’est pas ça le réel. Heureusement, Fatshi poursuit la restructuration de l’Armée congolaise et en appelle au changement de mentalité au Congo; vaste programme aurait dit le Grand Charles.